lundi 26 avril 2021

Entrepreneuriat : quand Kawaichi parle à Awazu

 

Entrepreneuriat - Judo - Kawaichi - Awazu

Judo et entrepreneuriat, même combat ?


C'est le sujet de ce 2ème rendez-vous d' "entrevue à l'aveugle". Deux personnes échanges autour d'un thème durant quelques jours. A la fin de l'échange, chaque personne doit tenter de deviner qui est l'autre. Arriverez-vous à deviner ? A vous de jouer en commentaires ! Les noms des personnes seront dévoilés lors du prochain rendez-vous d'entrevue à l'aveugle. En attendant, ces personnes utiliserons les pseudo : Kawaishi et Awazu. 

Je vous propose également, de découvrir à la suite de cet entretien, les véritables identités de Jigoro et Kano dont vous avez pu lire l'échange "Judogi : quand Jigoro parle à Kano".

Bonne lecture !


Kawaishi :
Bonjour Awazu. Je suis ravi que David nous offre cette expérience de partage sur un thème qui m’enchante. En même temps, je sens la pression d’endosser un nom aussi illustre et j’espère être aussi pertinent sur cette voie de l’entreprenariat. Pour côtoyer et accompagner des entrepreneurs au quotidien, j’ai remarqué que la majorité d’entre eux ne correspond pas au caractère de ceux qui sont les plus visibles. Persévérants, réfléchis, attentionnés, travaillant de préférence en équipe, respectueux des règles, attachés à leur entreprise, ils sont bien loin des “golden-boys” qui attirent les caméras, parce qu'ils en ont besoin. Le pratiquant de judo, sport individuel qui ne peut se pratiquer qu’en groupe, ressemble à ces entrepreneurs. On y apprend, on s’y améliore de jour en jour et de l’élève qui poursuivra sa pratique aux professeurs et aux dirigeants, je retrouve ces vertus.


Awazu :
Bonjour maître Kawaishi.Merci pour cet échange, c'était un plaisir de te lire. En plus de devoir honorer mon nom, je vais devoir être à la hauteur de cette relation épistolaire... Beaucoup de pression 😊 L'exercice me plaît et je m'excuse de ne pas avoir assez de temps pour échanger davantage. J'ai l'impression que nous sommes d'accord, ce qui n'aide pas à alimenter le débat. Un point que tu as soulevé retient particulièrement mon attention : "on y apprend et on s'améliore de jour en jour". Je suis bien d'accord. La voie de l'apprentissage demande du temps, de l'attention et de l'audace. Entreprendre c'est comme combattre : on se prépare, on se livre, on donne le meilleur jusqu'au bout et surtout on risque la défaite. Ne pas avoir peur de commettre des erreurs. C'est là une leçon que nous apprennent au quotidien ces deux mondes. Comme le judoka, l'entrepreneur doit apprendre de chacune de ses défaites pour avancer, doit connaître ses points faibles et ses atouts pour sortir victorieux et s'entourer de partenaire pour progresser. Il faut également beaucoup de détermination pour tomber régulièrement mais se relever, échouer souvent mais ne pas baisser les bras. Entreprendre c'est faire randori tous les jours et dans un monde où l'échec "n'existe pas", ou les instagrameur "mènent une vie parfaite" et où seul la réussite à sa place, rien d'étonnant que nos judokas entraînés à progresser sur eux même, en aidant et en s'aidant des autres, soit si bien préparé à l'entreprenariat. Pour moi pas de doute, c'est le même combat. 

Kawaishi :
Néanmoins je me pose une question. Nous sommes d’accord sur le fait qu’un entrepreneur judoka part avec un avantage mental déterminant. Mais un judoka fait-il forcément un bon entrepreneur ? Le comité départemental a organisé une formation sur la préparation mentale. La discussion a dérivé sur la façon dont le judoka abordait son combat, entre l’instinctif et le stratège. Dans les deux cas la force mentale nécessaire pour se préparer est la même, mais dans l'exécution du randori le scénario diffère. On retrouvera les stratèges plus longtemps sur les tatamis et souvent on les identifiera par leur expertise au Ne Waza. 

Dans l’accompagnement des entrepreneurs, je préconise l’utilisation d’un profil Arc-En-Ciel DISC. Cela me permet de comprendre le fonctionnement de l’entrepreneur (extraverti/Introverti, tourné vers les autres/la règle, fonceur/patient, …) et ses motivations profondes (cognitif, utilitaire, altruiste, …) et d’adapter le fonctionnement de son entreprise à son dirigeant. J’ai effectué plus de 100 profils et celui qui caractérise le plus l’entrepreneur est le stratège. C’est pour cela que je pense que l’entrepreneur Judoka démarre avec un avantage fort, mais que le judo ne mène pas forcément à l’entreprenariat. A quand les formations Judo dans les ateliers des CCI et des Grandes Ecoles de Commerces ?


David du blog cestquoitonkim :
L'échange touche à sa fin, je vous invite à tenter de deviner avec qui vous avez échangé. 

Kawaishi :
C’est horrible, mais je n’ai aucune idée de piste pour identifier qui se cache derrière le nom de Awazu. Quoi qu’il en soit l’expérience est belle. Un prochain randori avec les yeux bandés ? Cela mériterait le détour.
 

Awazu :
Pour répondre à la question un judoka fait-il forcément un bon entrepreneur, je dirais que un judoka ne fait pas forcément un bon judoka, donc non. En revanche être judoka aide-il a être un bon entrepreneur je dirais oui. L'important n'est pas d'où tu pars mais vers où tu vas : est ce que tu progresse, quel est ton but etc. Je suis donc entièrement d'accord avec toi, des formations atelier judo/entreprise devrait être proposer aux entrepreneurs et aux écoles, cela apporterait certainement beaucoup de compétences transverses. Peut être "vendre le concept" en parlant de l'augmentation du quotient émotionnel suite à cet atelier ?... Bref beaucoup de chose à faire, espérant que nos judokas entreprennent… Et pour le randori avec plaisir 😉 Je ne sais pas non plus qui tu es mais c'était un plaisir de partager, et puisque tenter c'est se donner la chance de gagner je dirais… Frédéric des arts martiaux d'Asnières ?

 

Merci au personne derrière les pseudo de Kawaishi et Awazu pour cet échange.


 

 

Maintenant, chose promise, je vais vous dévoiler qui était Jigoro et Kano lors de l'échange "Judogi : quand Jigoro parle à Kano".


Jigoro :
Ingénieur, judoka il a réussi à aligner ses deux passions en contribuant largement à renouveler l'offre kimono de judo (judogi) de DECATHLON sous la marque maison Outshock. Vous pouvez retrouvez des images de Laurent Proumen dans l'article "Une sacrée journée dans les coulisses de DECATHLON".

Kano :
Entrepreneur Français au Japon, passionné par les arts martiaux et l'artisanat Japonnais, il gère entre autre le site de vente kusakurashop.fr. Jordy Delage comme on le découvre dans l'échange a pratiqué le judo avant d'évoluer vers d'autres arts martiaux. Jordy multiplie les actions pour partager sa passion. Je vous invite à regarder quelques une de ses vidéos sur youtube.

Un grand merci à Laurent et Jordy de s'être prêté au jeu de la toute première entrevue à l'aveugle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

vendredi 9 avril 2021

3 questions à Caroline Calvez - Episode 1



Sur le blog, je vous propose des interviews ultra courtes et collaboratives. Ultra courtes car seulement 3 questions. Collaboratives car si vous le souhaitez un deuxième épisode pourra être produit en posant vos questions ici : je pose une question. Et si vous aimez je vous invite à partager le lien de l'article sur tous vos réseaux sociaux pour faire connaître Caroline, le circuit vétéran et le projet du blog cestquoitonkim. Si vous souhaitez recevoir par mail les liens vers les prochains articles cliquez sur : je m'inscris. Je vous laisse en bonne compagnie avec Caroline. Bonne lecture.

 

Qui es-tu ? (Présent)

Le judo, c’est un sport de famille, je vis « judo » depuis que je suis née.

Moi, c’est Caroline CALVEZ (LE BIHAN), 35 ans, je suis professeure de judo, préparatrice mentale, coach sportif et arbitre nationale de judo.

Je suis la maman de 2 petites filles, Liloo et Luana, 9 ans et 6 ans. Toute ma famille fait du judo, mes parents qui sont aussi mes professeurs, mon mari et mes filles.

En 2017, après une pause de 8 ans, j’ai décidé de reprendre le judo pour moi et la compétition. Objectif : perdre le poids de mes grossesses et participer au tournoi vétéran de Tours. Quel plaisir de refaire de la compétition, de retrouver ce bon stress et de se challenger. Résultat : une belle médaille d’or, des gros combats et des jolies rencontres avec d’autres vétérans.

Après ce 1er tournoi, je me suis donné le défi de participer aux championnats du monde vétéran, à Olbia (Sardaigne), 6 mois plus tard. Un gros challenge en perspective : trouver des sponsors, créer une cagnotte participative, se préparer physiquement et mentalement, organiser le voyage. J’irai là-bas accompagnée de mon papa, qui me coachera. Un championnat qui se déroulera très bien, avec au final une belle médaille de bronze autour du cou. Avec du recul, je suis contente du résultat, car la pression sur un premier championnat international est difficile à gérer.

Il y a beaucoup de choses différentes, par rapport à un championnat départemental, régional ou national classique. Tout d’abord, la veille de la compétition, il y a l’accréditation, là où on vérifie si on a bien payé l’inscription au championnat, on nous donne ce tour de cou appelé « accréditation » qui est un laissez-passer, à garder tout le temps sur soi jusqu’à ce qu’on monte sur le tatami pour combattre. Le jour de la compétition, il y a ces grandes télés dans la salle d’échauffement (une par tapis), avec les 15 prochains combats. On va ensuite dans la salle d’appel avec son coach lorsqu’on va combattre dans environ 7 combats et là des organisateurs vérifient la taille de notre judogi, de notre ceinture, du dossard. Et ensuite, on passe dans le couloir, ce moment magique d’attente, de concentration et de montée d’adrénaline avant de combattre.

J’ai ensuite participé aux championnats d’Europe vétérans à Glasgow en juin 2018, où je suis monté sur la 2ème marche podium.

Au mois d’octobre suivant, direction Cancùn avec mon mari comme coach, pour les championnats du monde vétéran, nous avions mis en place de la préparation mentale, car mon mari venait d’avoir la certification. Ce fut la journée la plus dure de ma vie, il y avait une heure d'attente entre chacun de mes combats, nous avions mis une routine de performance entre chaque combat. J’ai fini ma journée épuisée mais contente et satisfaite de ma nouvelle médaille d’argent. En rentrant en France, mon challenge était d’embarquer mes copains d’entraînements avec moi sur les tournois vétérans.

Ils nous ont suivi, résultat au mois de juillet 2019 aux Canaries, on était 4 copains aux Europe vétéran. Une aventure géniale qu’on a préparée en amont avec tous les amis, pendant le mois de juin et juillet, nous nous sommes entrainé deux fois par semaine au dojo à une vingtaine de judokas du club et des clubs voisins, entre préparation physique, mental et judo. Mon mari et moi avons fait vices champions d’Europe le même jour. Notre prochain objectif était de participer à 9 copains aux Europe vétéran à Athènes en avril 2020, mais covid oblige, ça a été annulé.

Pour préparer les Europe, j’ai participé au championnat de France FSGT seniors, que j’ai gagné. Quelle belle surprise, au mois de décembre dernier, je reçois un mail qui m’annonce que je suis qualifiée pour les jeux mondiaux CSIT au mois de juin prochain en Italie. Nous serons 300 français, toutes disciplines confondues pour ces jeux amateurs. Je m’entraîne actuellement, dans le doute du maintien ou non du championnat. 

Le judo pour moi, c’est ça, pleins d’échanges, de surprises, de partage et d’enseignement.

 

Caroline médaillé d'argent au championnat d'Europe 2019
Crédit photo EJU - Gabriel Juan - CC by sa

D’où viens-tu ? (passé)

J’ai commencé le judo à l’âge de 9 ans dans le club de judo de mes parents, Jean-Claude et Miwako LE BIHAN. (aujourd’hui 6ème et 8ème dan). Depuis petite, je grandis dans le milieu du judo, mais mes parents me mettent à la gymnastique de l’âge de 6 ans à 10 ans, afin que j’acquière de la souplesse, de la tonicité et de la rigueur, lorsque je commence le judo, j’adore. Rapidement, je démarre la compétition, et fais des titres départementaux, régionaux puis inter-régionaux. Je suis qualifiée à partir de cadette aux championnats de France fédé et UNSS, mais je n’ai jamais fait de podium à cet échelon, car à cette époque, j’avais un blocage au national.

Lorsque j’étais enfant, je passais quasi chaque été au Japon, car ma famille maternelle vit à Tokyo tout près du Kodokan (institut mondial du judo). Petite, je voyais mes parents travailler les katas sur le grand tatami au dernier étage du Kodokan et moi dans les gradins ou chouchoutée par les maîtres sur le bord du tatami. Adolescente, je participais tous les jours aux entraînements d’été du Kodokan ou dans d’autres dojos japonais lorsqu’on voyageait, ce fut des expériences enrichissantes. Découvrir d’autres styles de judo est très intéressant et fait progresser.

J’ai démarré l’arbitrage à l’âge de 10-11 ans d’abord comme commissaire sportif, puis comme arbitre sur les coupes du jeune arbitre. J’ai ensuite passé les échelons d’arbitre départementale, régionale, inter-régionale puis nationale. J’adore échanger aux championnats avec d’autres arbitres, conseiller les plus jeunes, discuter et partager nos avis sur les actions et les combats.

Je suis aussi professeure de judo depuis l’âge de 20 ans, j’adore partager ma passion et l’enseigne de manière ludique. Mon objectif est que chaque judoka qui participe à mes cours se fassent plaisir, et rentre chez lui avec le sentiment d’avoir eu des nouvelles sensations et de s’être bien dépensé. Je prépare les judokas techniquement, physiquement et mentalement à leur objectif et n’oblige personne à faire de la compétition. Certains ne sont pas compétiteurs, et je le respecte, je les oriente sur d’autres choses, car le judo, c’est aussi de l’arbitrage, donner un coup de main aux profs sur les séances ou passer les grades. Et tout peut être complémentaire.

L’été dernier, j’ai passé mon certificat de préparatrice mentale. Avoir des outils concrets sur la motivation, la fixation d’objectifs, la gestion du stress, les routines de performances, la concentration, la confiance en soi, le discours interne et l’imagerie mentale a été une révélation. Le judo, c’est 1/3 technique et tactique, 1/3 physique et 1/3 mental, Shin Gi Tai, et cette étude de l’aspect mental m’a fait progresser personnellement et professionnellement. 


 

Où vas-tu ? (futur)

Comme toujours énormément de projets en têtes. J’aimerais écrire un livre sur le judo et ses techniques et faire des contenus vidéos.

Je souhaite continuer à faire des compétitions et me faire plaisir.

Mon projet est aussi de faire découvrir l’intérêt de la préparation mentale aux autres professeurs de judo et aux athlètes.

Un autre objectif est d’étudier le sport santé, afin de permettre à tous de pratiquer du judo, du taiso en adaptant les exercices à leurs capacités.

Et enfin, progressivement, je souhaite évoluer en arbitrage et peut-être arbitrer à l’international dans quelques années.