vendredi 27 janvier 2017

Judogi adidas modèle J990 EM



J990EM c'est du lourd ! Car oui derrière ce nom de code se cache le kim (judogi) le plus charpenté de chez adidas : 990g/m2 Plus dense en fibre que mon adidas J930 JFIT. J'en ai entendu beaucoup de bien de ce J990EM qu'on appelle aussi Millénium alors je suis très content de pouvoir donner mon avis et surtout le porter ;-)

Question utilisation vu la densité je vous le dit tout de suite c'est un kim réservé aux compétitions nationales et aux entraînements car avec 990g/m2 on est loin des 750g/m2 autorisé par l'IJF (International Judo Federation) en compétition internationale. A ce propos deux articles qui peuvent aussi vous intéresser. Le premier sur les nouvelles normes judogi depuis avril 2015 et le second sur le guide des kims mis à jour en 2016. D’ailleurs lors de l'élaboration de ce guide, adidas m'avait transmis quelques éléments techniques à propos du J990EM : "Idéal à partir de Benjamin 2 ou cadet 1 jusqu'au haut niveau. Col très dense à 6 rangées de coutures, pour un kumi kata rendu difficile pour l'adversaire. Doublure intérieure sur les épaules pour plus de confort. Possibilité d'avoir 9 couleurs différentes de logo pour plus d'originaité (...)".

Ceci étant dit et comme pour mon précédent article sur le kimono (judogi) Karioka New je vous ai préparé une petite vidéo dont vous me direz des nouvelles (la zone commentaire c'est plus bas ;-)



Avant de décortiquer ce judogi, une précision. Vous l'aurez compris, cet article bénéficie d'un partenariat avec adidas. Je précise donc comme d'habitude que mon avis est livré en toute indépendance avec la possibilité pour adidas d'avoir un droit de réponse. Voilà donc mon humble avis ...



DESIGN

adidas propose une belle innovation esthétique en mettant à la vente un kim (judogi) dont le logo est décliné en plusieurs couleurs. C'est simple et ça fait mouche. Bravo à celui ou celle qui a eu l'idée.



Le kim mis à ma disposition est le judogi logo noir : classique mais efficace.

Côté veste, un imprimé noir et blanc est présent dans le haut du dos à l'intérieure. Alors autant je trouve l'idée d'utiliser cet espace super bon autant je ne suis pas hyper fan de l'imprimé. Ce n'est que mon avis. Les goût et les couleurs ... Je suis sûr que adidas pourrait trouver un motif plus sympa.




Côté pantalon, rien de particulier à signaler. La jambe gauche arbore le logo adidas. Logo dont le design est bien connu et toujours apprécié (enfin je pense).




QUALITE/PRIX

On ne va pas se mentir avec un prix autour de 180 euros ça commence à faire un "petit" budget. Pour autant, c'est l'un des judogi les plus lourd existant sur le marché. Le deuxième même d'après le classement que j'ai réalisé pour l'article "Le guide complet (ou presque) des kimonos de judo" (adidas-millenium). Le top serait de le trouver en solde.

Question qualité, le kim (judogi) possède de nombreux renforts :

Renfort poitrine
Renfort aisselle
Renfort Jupe

Col six coutures

J'ai noté deux petits défaut sur le judogi que j'ai reçu. Dans la vrai vie vous l'auriez probablement retourné au vendeur qui vous l'aurait échangé. Cela prouve juste qu'il faut vérifier son kim (judogi) avant de le laver et de le porter.


Couture décousu
Un grain de riz abimé

J'ai aussi une remarque, peut être un peu anecdotique, sur l'étiquette mentionnant le nom du modèle au niveau du haut de l'intérieur de la veste. Cette étiquette est en fait collée et s'enlève. Je me suis demandé si je la retire comment vais je me souvenir du modèle de ce kim (judogi). Et j'ai finalement trouvé une mention sur une étiquette intérieure. Oui je sais ça peut paraître bête de regarder ça. J'aime juste me souvenir du modèle. On ne sait jamais si je dois me reprendre un kim plus tard. 

Haut de la veste
Intérieur de veste


FIT/COMFORT

Personnellement, je me suis senti bien dans cet adidas J990EM. C'est vrai qu'il n'y a pas de coton gratté à l'intérieur comme sur le Figthing Film Surperstar ou le Karioka New mais pour moi ça n'a pas joué sur le confort. Après je suis un judoka "loisir". Est-ce que cela ferait une différence si je m'entrainais tous les jours. Je ne sais pas. Si vous avez un avis sur la question, ajoutez un commentaire à la fin de l'article ça m'intéresse. La coupe est cintrée et comme d'habitude pour un adidas il faut prendre 5 cm au dessus de sa taille. Je fais 173 cm, le modèle reçu est un 180 cm. En tout cas pour moi c'est nickel. La coupe me va bien.

Plusieurs "biais de couture" je crois que c'est le terme technique protège des frottements des coutures.


Bande de tissus par dessus les coutures intérieures veste

Bande de tissus par dessus la couture intérieure manche


DURABILITÉ

Après plusieurs séances avec le judogi J990EM Millenium je n'ai pas vu à ce stade de défaut apparaître si ce n'est les défauts vu lors de la livraison du kim. Donc ma foi il tient bien le choc. Reste à voir côté rétrécissement les résultats obtenus après 3 lavages

Et ...oui le kim (judogi) a rétréci. Globalement de 4% en moyenne ce qui est mieux que le mondial de Budofight (7%) et moins bien que le Fighting Film Superstar (inférieur à 3%). Les prises de mesures, je le rappelle ne sont pas scientifique même si elles donnent un ordre de grandeur. Ceci étant dit je constate que c'est surtout le pantalon qui rétréci. Il y a donc un risque de devoir le changer dans la durée si le rétrécissement se poursuit.

adidas J990EM
A la réception
Après 3 lavages à 30°c et séchage naturel
Manche
74,9 cm

73,5 cm

Poignet
20,3 cm

19,4 cm




Jambe
100 cm


94 cm

Cheville
25,5 cm

24 cm




 


CONCLUSION

Le judogi adidas J990EM aussi appelé Millénium est un kim haut de gamme pour lequel un budget non négligeable est à prévoir. Il possède de nombreux renforts. Il ravira les amateurs de judogi bien rigide qui apprécie les coupes cintrées. Attention tout de même au rétrécissement du pantalon.

* * *
Si vous possédez aussi ce modèle donnez votre avis en commentaire c'est tout aussi important et utile que cet article. N'hésitez pas non plus à mettre un commentaire si vous avez quelque chose à ajouter/préciser. Si le commentaire est bien enregistré un message indiquera qu'il est en attente de validation.

samedi 21 janvier 2017

Les judokas étaient-ils présent aux troisièmes rencontres de la niaque ?




Mercredi 18 janvier 2017, 13h, les portes des docks de Paris s'ouvrent pour laisser place à l'un des événements phare du sport business de ce début d'année : les rencontres de la niaque version 2017 organisées par bpifrance. Une version dédiée aux champions des entreprises et du sports. Banco je me suis dit "il y a des entrepreneurs dans le judo. Le judo sera peut être mis à l'honneur. Je ne sais pas bien ce qu'est les rencontres de la niaque mais j'y vais quand même on verra bien."

Si je me suis dit ça ce n'est pas par hasard ...Courant 2016 Teddy Riner et Ugo Legrand ont mis leurs énergies au service de l'application Yogowo lors d'un événement bpifrance. Alors est-ce que j'ai rencontré Teddy Riner, les créateurs de Yogowo ou d'autres entrepreneurs Judo ? Je vais tout vous dire. D'ailleurs est-ce que vous savez ce qu'est Yogowo ? Je vous en parlerai plus bas.

Pour démarrer, je me dois de vous en dire un peu plus sur bpifrance et sur "les rencontres de la niaque" car j'en sais désormais un peu plus. Je vous passe les détails sur le statut de bpifrance. On va faire simple. bpifrance - bpi pour banque publique d'investissement - est une structure qui porte une mission de service public "promouvoir et soutenir l’innovation, contribuer au transfert de technologies et favoriser le développement et le financement des PME". En gros et je caricature peut être cette organisation aide les entrepreneurs à porter leur projet en trouvant des financements. Pour les plus curieux je vous donne le lien vers le dernier rapport annuel disponible ici .

Les rencontres de la niaque sont un outil très intéressant de communication et de rencontres professionnelles (networking). Il y a deux temps : une plénière puis des ateliers / networking. Lors de cette 3ème éditions et pendant presque 3h vont se succéder sur la scène différents club de sport (aviron, basketball, handball, hockey sur glace, football, nageurs, rugby ...). Chaque dirigeant de club est accompagné d'un sportif de haut niveau et d'une entreprise partenaire pour finalement se vendre durant 2 à 3 minutes lors d'un pitch à destination des investisseurs présents. Investisseurs qui auront tous le loisir de venir échanger ensuite lors du second temps atelier / networking.

Alors ... alors ... y avait-il des entrepreneurs judokas ? La réponse est oui ! Bon ils n'étaient pas là en majorité dans la salle mais ils étaient bien présent. Peu sont montés sur la scène. Je crois que seuls des représentants de Yogowo ont été sous les projecteurs. Si vous regardez le live à la fin de l'article vous verrez peut être au tout début Adrien Bourguignon (sa fiche ici) et Julien Ottaviani (sa fiche ici) deux des membres de la team Yogowo. Vous ne savez toujours pas ce qu'est Yogowo alors je vous met une vidéo du lancement de l'application qui explique tout :


Entre nous, je n'ai pas réussi à échanger avec eux lors de la séance d'atelier / networking. Par contre, j'ai eu la chance de rencontrer l'ancien judoka de haut niveau Stephane Nomis qui a créé la société Ippon technologie et qui s’investit fortement dans le judo. Notamment à travers des projets comme le judo club Flam 91 et l'association athlètes et partenaires. Il aide plusieurs judokas à aller au bout de leur rêve et aide certains dans leur reconversion. Je lui est posé la question "fil rouge" de ces rencontres : c'est quoi la niaque pour vous, voici sa réponse :



Au final, une journée riche de découverte qui me permet de répondre oui à question titre de cet article. Les judokas étaient présent, pas en force, mais présent quand même. Et pour ceux qui se pose encore la question, non je n'ai pas croisé Teddy Riner lors de cette édition. Par contre, il y avait beaucoup d'autres grand nom du sport, des entreprises et des médias. Je vous mets le live par curiosité même si cela ne parle pas directement de judo. Une question pour finir c'est quoi la niaque pour vous ?


samedi 14 janvier 2017

Mon kim & moi : Emmeric LE PERSON

Crédit photo Paco LOZANO
Catégorie: -90kg
Taille: 178 cm
Ceinture marron
Technique favorite: judo en cercle
Club : Judo Villefranche (12)
Date de Naissance: 14/09/67



Contact :
Twitter : @judoheartblog
Facebook : emmeric le person
Instagram : emmeric_le_person
Site web : www.emmericleperson.com


Si tu devais résumer Emmeric LE PERSON en quelques mots que dirais tu ?

J'ai toujours été un défricheur. Je pourrais me qualifier comme un photographe artistique et humaniste. Et au fil du temps une évidence je me considère comme un citoyen du Monde avant tout.

Que peut nous apprendre de plus le judoka qui sommeil en toi ?

J'ai commencé le judo à 40 ans, en regardant mes enfants pratiquer j'ai eu l'envie d'essayer. Dès que j'ai posé les mains sur le judogi d'Uke j'ai su que plus rien ne serait pareil. Plus tard, une fois assimilé JITA KYOE comme un fil conducteur, ma vie a changé.

Pourquoi cette envie d'essayer à 40 ans finalement et en quoi le judo a changé ta vie ?

Au départ c'est juste l'envie d'essayer et de partager une activité avec mes enfants...mais dès que j'ai posé les mains sur le judogi j'ai su que quelque chose de spécial venait de se passer. Ça n'est pas toujours facile de mettre des mots sur le ressenti et l'intuition.

A plusieurs reprises j'ai donné corps à des projets autour du judo. Par exemple en essayant de créer un pont au judo entre le Québec et les pays francophones en 2011. Ou encore la mise en place d'un jumelage des 5 continents en 2010. Pour cette dernière j'ai été au Japon pour pérenniser leur participation. A l'époque je n'était que ceinture jaune. En tant que responsable de la mission exploratoire j'ai eu l'honneur d'avoir un entretien de validation par Maître ABE au KODOKAN. Vous imaginez quand on est ressorti avec son accord ? Alors oui je peux le dire que le judo a changé ma vie.

Et que peut nous apprendre le photographe ?

Comme tout parent de petits judokas j'ai commencé par les prendre en action. Devant les retours et de nombreuses discussions, j'ai osé demandé une accréditation pour le Tournoi de Paris en 2012 spécifiquement en salle d'échauffement. Et c'était parti.

J'ai commencé avec seulement le 105 mm macro de Nikon. Cette focale fixe m'a forgé le regard et permis de travailler énormément la composition . La focale fixe c'est la meilleure école. Ensuite je suis passé au 70-200 f:2,8. Un autre monde.

Si je comprend bien tu as un seul objectif à la fois. Question boîtier en as-tu un seul aussi et si oui lequel ?

Un D610 NIKON.

Dans le combat Nikon vs Canon tu es plutôt Nikon pourquoi ?

Pour moi çà n'a aucune importance. A partir du moment où tu investis dans un boiter pro plein format de plus de 2000 euros, tu peux lui faire un minimum confiance non ? L'important c'est ton regard...la course à la technologie est une chimère qui te détourne de l'essentiel . Mais il est vrai que les JO de 2020 apporteront, par contre, une révolution numérique des boîtiers qui permettront d'atteindre un niveau de qualité inimaginable aujourd'hui en photo et en vidéo. On peut faire confiance aux constructeurs nippons.

Tu as démarré la photo avec le judo ou tu étais déjà photographe en fait ?

J'ai démarré la photo avec les photos de paysage, spécialement sur l'Aubrac. Pour les curieux allez voir mon tout premier album photos sur facebook : l'Aubrac à l'état brut. Cette expo qui m'a pris 3 hivers . Une seule contrainte : sortir en hiver quand les autres rentraient. Exposé à plusieurs reprises dont la FNAC de Toulouse et jusqu'à Paris couvert par un reportage sur Pariscope.

Mais l'humain est venu une évidence et depuis rien ne m'a inspiré plus.

Tu évoques sur ton blog - judoheart - ta passion pour l'asie centrale d'où cela te vient et comment cela influe sur tes photos ?


C'est un carrefour du monde depuis la nuit des temps. Là où une civilisation gréco-bouddhique a perduré quelques siècles par exemple. Allez voir le musée Grimet à Paris. Le tracé de la route de la soie en est le dernier chapitre migratoire. C'est aussi la région des superlatifs géographiques. Depuis la chute de l'URSS c'est un laboratoire du monde. Émancipés, ces pays se sont livrés à un rattrapage pour essayer de trouver leur voie dans la mondialisation en essayant de ne pas perdre leurs racines. Un des derniers endroits où le nomadisme perdure.

Enfin en tant que portraitiste, quel choc ! En occident la couleur de l'iris nous a dotés d'une gamme infinie de variétés. Là ce sont les variantes autour de la forme des yeux qui prédominent. Quelle intensité !

Judo et photo des points de convergences ? de divergences ?

Pour moi c'est la même chose. Quand je suis en reportage je fais du judo. Ma voie est une forme de prolongement. Le judo m'imprègne dans les gestes de tous les jours. C'est avant tout un état d'esprit.

Alors lors de mes prises de vues un concept m'anime : une photo c'est comme un IPPON : soit elle est réussie...soit elle est ratée. C'est aussi dans la journée l'utilisation du minimum d'énergie pour un maximum d'efficacité : SEIRYOKU ZENYO Mais le plus important ne pas avoir peur de prendre des risques et de partager . JITA KYOE : entraide et prospérité mutuelle.

Etre judoka pour faire de la photo judo est ce un cliché ?

Non c'est fondamental, surtout pour les photos de combats. Ça va trop vite pour un non initié. De plus il faut être pratiquant pour bien avoir conscience de tous les sacrifices au quotidien que les judokas de haut-niveau doivent accomplir. C'est malheureusement pourquoi dans les grandes agences avec les photographes sportifs généralistes, les photos de podiums ont tant de succès !

Que photographies tu ?


La réponse en images : https://www.instagram.com/emmeric_le_person/




Une photo réussi c'est quoi pour toi ?

C'est une photo qui raconte une histoire et déclenche une émotion. Dans ce monde on est noyé d'images et d'information. Une image est aussi vite oubliée qu'elle a été diffusée. Une image oui...mais pas une photo. Que retient on dans la mémoire collective, sinon une ou deux images qui résument l'histoire. Voilà le défi, la quête que chaque photographe devrait se fixer.

Crédit Photo Marcelo RUA

Tu as fais le choix de photographier directement en noir et blanc. Pourquoi ce choix ? Pourquoi ne pas tout simplement mettre les photos couleurs en noir et blanc en post prod ?

D'abord c'est par honnêteté. Ensuite je peux immédiatement si nécessaire partager mes photos. A la coupure il m'arrive de faire circuler ma tablette sur le tapis de la salle d'échauffement. C'est aussi un retour pour moi indispensable qui entretient la confiance avec les judokas. Je ne suis pas un paparazzi...mais je crois que là c'est depuis longtemps compris. Je ne perd pas mon temps en post production car de toute façon je ne recadre ni ne retouche jamais mes photos. Pour évoluer dans le sport il faut être réactif. C'est ce qui vous rend crédible auprès des diffuseurs.

Il faut savoir que le noir et blanc est déroutant de prime abord pour notre perception. C'est inconscient bien-sûr mais l’œil dérouté recherche toujours un repère. Notre premier signe de reconnaissance demeure le regard. Ainsi pour les portraits on va directement à l'essentiel. Ensuite le noir et blanc est le symbole même de l'intemporalité. Je me dégage ainsi dans le temps, d'un événement précis. Travaillant essentiellement dans des conditions d'éclairages extrêmes je n'utilise jamais de flash ! Pour cela le noir et blanc est juste fabuleux et permet de bien exploiter chaque trait de lumière. Il m'arrive à très peu d'occasion de faire des photos directement en couleur. Mais là aussi dans un but précis artistique où la couleur est au cœur même du sujet. Dans ces cas là j'utilise la couleur comme avec une palette de peintures.

Enfin il y a de très grands photographes de combats en couleur je ne vois pas l'intérêt de m'y ajouter. De ce fait ensemble on est complémentaire, et non supplémentaire. On est là pour la même chose : valoriser les judokas.

On dit parfois que les photographes sont des chasseurs d'images, es-tu d'accord avec cette expression ?

Les grands photographe de combats sont plutôt des chasseurs d'ippons ! Pour ma part, c'est différent. Pour employer une métaphore de chasse, je ne suis jamais à l’affût. Aucun stress ne m'anime pour plusieurs raisons. D'une part parce que j'ai le temps. Et qu'ensuite personne ne sait quelles photos je vais faire. J'ai carte blanche. Ensuite pour moi la photo parfaite n'existe pas. Je ne me perd pas en post production. Entendons-nous bien, la qualité est mon premier critère mais dans la mesure où l'appareil photo fait corps avec moi, je suis donc totalement libéré de l'aspect technique par les pré-réglages que j'ai fait avant de commencer. L'appareil n'est juste que le prolongement de mon regard. Donc j'ai l'esprit totalement ouvert sur la compétition que je couvre. Pour résumer par mon état d'esprit et cette communion avec les judokas, je me suis aperçu en fait que ce sont les photos qui viennent à moi et non l'inverse.

Des pré-réglages on peut savoir lesquels ou ça fait partie des secrets ?

Juste un conseil. J'enregistre toujours la balance des blancs in situ. Par expérience la balance auto n'est jamais fiable sur la durée. Et je vérifie toujours, en prenant ensuite une photo couleur (C'est d'ailleurs la seule que je fais de la journée...lol). Ensuite je bascule définitivement en noir et blanc.

Comment se passe une journée de shooting d'Emmeric Le Person lors d'un tournoi de judo ?

J'arrive bien avant les athlètes et je repars après eux bien-sûr. Mais c'est le minimum, et c'est ce que font tous les photographes du circuit. Un judoka qui va en finale fera 5 combats on passera 30 min maxi sous les projecteurs. Mais il aura en fait passé 10 heures sur place. Que se passe-t-il pendant ce temps ? C'est çà que je raconte. De part le grand nombre de nationalités, le monde peut se résumer en une salle d'échauffement. Et pourtant c'est une grande famille. Quelle leçon de vie !

Quels seraient le ou les petits truc d' Emmeric Le Person qui font toutes la différences en photo ?

Être là où on ne l'attend pas. Certains m'appellent le shadow-man (l'homme de l'ombre). C'est exactement çà. Une fois accepté, faire en sorte de se fondre dans le décor. L'authenticité est à ce prix.

Sur le blog on essaie de donner des info. sur les kim. Du coup, deux questions : quelles marques as tu portées ? quel conseil donnerais tu au moment de choisir son prochain judogi ?

NIHON. Le confort. La sensation de porter une deuxième peau...mais en bourlinguant tu te rends compte qu'en fait c'est juste un luxe de pays développés et qu'une simple veste peut faire l'affaire tant que la compétition n'est pas en jeu.

D'ailleurs le judogi est-ce photogénique ?

Absolument ! Mais surtout pour les femmes car pour moi rien n'est plus photogénique qu'une femme en judogi. J'appelle cela le judogi paradoxe . Le judogi quand on y pense pour une femme c'est une gageure. Démaquillée, elle porte une veste trop ample, cintrée par une ceinture, avec en prime un pantalon bouffant. On est à priori loin des défilés de modes et du côté glamour...et pourtant. Une fois porté, ne sont visibles que le visage, les mains et les pieds...bref l' essentiel ! L'importance du regard est sublimé.

A ce propos Marc Berthier - un de tes amis photographes - a remarqué qu’au fil du temps tu "shootais" de plus en plus de Judokates. Voilà sa question, photographier une athlète tout en soulignant/préservant son image de femme c’est un double défi très difficile à relever. Est-ce la difficulté qui te fait suivre cette voie ?

Merci à toi Marc, le photographe de judo qui me connaît le mieux et qui m'a soutenu dans mes débuts. Effectivement la clef est là : ne jamais franchir la ligne. Au fur et à mesure de mes reportages, surtout en exclu pendant les stages féminins, je me suis rendu compte qu'il existe une culture de l'ouverture de la veste. On ne valorise pas une japonaise comme on peut le faire avec une brésilienne. Avec le temps les judokates m'ont fait prendre conscience que les photos que je ne fais pas, sont aussi importantes que celles que je fais.

Proposes-tu tes photos à la vente aux particuliers et si oui comment peut-on se les procurer ?

Oui sur mon site www.emmericleperson.com

As-tu une actu en ce moment ?

La promotion de mon calendrier 2017 qui existe en 2 versions : WOMEN IN JUDO ou en version française JUDOKATES DU MONDE. http://www.emmericleperson.com/categorie-produit/calendriers/


Quelle est la question qu'on ne t'a jamais posé et que tu aimerais qu'on te pose ?

La photo de judo peux-elle changer une vie ?

Quelle serait ta réponse ?


Un dernier mot pour les lecteurs du blog ?

Osez !