lundi 30 juillet 2018

Interview - Yoann Roch

Katan'art dojo - Judo - Cestquoitonkim


David du blog www.cestquoitonkim.com : Yoann Roch, bienvenue sur le blog cestquoitonkim.com. Tu es judoka ceinture noire 3ème dan. Tu es, entre autre, enseignant de judo et artiste - tu as notamment joué dans plus belle la vie -. Enfant tu avais 2 rêves : devenir champion olympique et ouvrir ton propre dojo. Ton premier rêve, pourtant bien engagé sur la voie du haut niveau, s'est arrêté brusquement un jour de compétition de décembre 2005. Ton second rêve, lui, est devenu réalité en 2017.

Yoann si ça te va, je te propose d'abord de nous dire qui tu es en quelques mots puis d'aborder ensemble ton 1er rêve et ta reconversion. Ensuite j'aimerais échanger sur ton second rêve la création d'un dojo. Pour terminer je serais très intéressé que tu partage avec nous ta vision martiale. Allez c'est parti ! Je te laisse te présenter aux lectrices et lecteurs du blog ;-)



Yoann : Salut David, et salut à tous. Merci de m'accueillir sur ton blog. Je me souviens il y a quelques années tu étais aux prémices de ta passion, et te voilà aujourd'hui ceinture noire avec ton blog bien en place...C'est une belle création et une belle avancée de part !

Me concernant, ça va être difficile de définir "QUI JE SUIS".! Ça fait déjà 32 ans que c'est un mystère interminable :D Alors je ne vais pas définir qui je suis via mes pratiques et les chemins parcourus, mais plutôt comme celui justement qui a parcouru ces pratiques. On va dire que je me considère comme un artiste, un créatif, un passionné des expériences qui me permettent d'évoluer...

Alors je commence le Judo à 5 ans à la MJC de Colombes, aux côtés d'Yves Ratouin qui me forma toute mon enfance. En parallèle, je joue quasiment au même moment pour le réalisateur Philippe Faucon dans son film "SABINE". Ces deux voie, l'art martial et le comédien, évoluent ensemble à partir de là. Même si pendant plus de 15 ans le Judo et la compétition prennent une place quasi totale dans ma vie.

A 14 ans je pars au Pôle Espoir de Reims, un an après au Pôle France à Strasbourg, je signe au Levallois Sporting Club qui me permet de m'entrainer en tant qu'externe à l'INSEP. Quelques mois après, en Décembre 2005, au Tournoi de Nanterre, demi-finale, je me blesse: rupture du ligament croisé au genoux gauche. A partir de là, c'est fini pour moi, je le sais, et une nouvelle vie commence....

De mes 20 ans à mes 31 ans, j'entame une vie d'aventures, de voyages et de nouvelles expériences : au début, après une belle année de rééducation au CERS de Capbreton, je n'ai le droit que de nager. Alors je passe mon brevet de sauvetage aquatique... Puis je découvre le Yoga, je m'y forme, les techniques de respirations, la préparation mentale, toutes les techniques utilisant la conscience comme outil de développement personnel, physique, psychique... Je découvre la Fondation des Études Chamaniques, de l'anthropologue Michael Harner, m'y forme également, je voyage dans plusieurs pays...De là je prends conscience de mon appel vers tout ce qui touche à l'aide aux autres. J'ai même failli être pompier de Paris, quand juste avant les tests mon genoux a lâché...La vie qui m'a dit "Hey coco ! c'est pas par là ton chemin ! Reviens par ici....!"

Je passe mon Diplôme d'État en 2007, aux côtés de Serge Feist et Patrick Vial notamment. Des mines de connaissances techniques, de l'histoire de notre art. Je plonge dans l'art martial qui m'appelle, c'est à dire avec toute sa recherche profonde et j'ai même envie de dire spirituelle, dans une pratique toute autre que celle de la compétition. Je me mets à la capoeira, à la boxe thaïlandaise, bref....j'expérimente, je découvre, je chope des pièces de puzzle à droite et à gauche pour enrichir ma pédagogie (j'enseigne dans différents clubs, y compris à l'étranger).

En 2009 je veux reprendre les arts scéniques de mon enfance, j'entre à l'ACADEMIE INTERNATIONALE DE COMEDIE MUSICALE et j'y reste 2 ans. Chant, danse, théâtre, les corrélation claires se font avec l'art martial. Au plus je me libère mentalement en tant qu'humain, au plus le combattant se libère aussi, dans le mouvement, dans l'esprit...Je joue (j'étais également sur le projet du spectacle "TRIOMPHE, UNE VIE DE JUDO", de Gilles Troulet, une pièce qui réunissait justement mes deux voies) , cinéma, théâtre, par ci par là...Je pars vivre à la Réunion, une année de remise en cause profonde, c'est là que je plonge littéralement dans la médiation (faut dire que le cadre s'y prête un peu) puis je reviens à Paris pour m'occuper encore du comédien. Mais le système ne me plait pas, je suis trop libre pour ça pour me sentir pris à la gorge. Trop de créativité à exprimer pour me cantonner à des rôles qu'on me donne.

Je commence à en avoir assez de ma vie de vagabond et je sens un besoin de structurer au sein d'un même puzzle toutes les pièces que j'avais collectionné à droite à gauche. Le "Tao" ne tarde pas à répondre, en 2017, par "hasard", Véronique Pariset (fille de Daniel Pariset), me propose de reprendre son Dojo dans les Batignolles. Revirement à 180 degrés. Grosse gifle de bonheur inattendue. Un rêve de gosse ouais. Mais comme j'aime à le dire, je m'imaginais surtout avec un Dojo dans les montagnes, à 90 ans avec ma longue barbe blanche ! Bon, c'est venu 60 ans plus tôt... Un héritage martial qui honore tout mon être. Que je reçois le plus humblement possible et avec toute la responsabilité qu'une telle tradition implique. Notre héritage martial est bien plus profond que les apparences compétitives.

David du blog www.cestquoitonkim.com : Tu rêvais d'Olympe. Que s'est il passé ?

Yoann : C'est clair, je visais Athènes 2004... Et même si les plus gros résultats sont arrivés après, j'étais assez bien parti pour atteindre mon objectif quelques années plus tard, j'étais déterminé. En arrivant à l'INSEP, je me suis essoufflé : le "Judo", si je peux appeler ça comme ça, qui étais pratiqué en haut niveau (même dans les pôles France ou Espoir) n'était plus du tout en résonance avec le Judo que je voulais pratiquer, avec ses valeurs, avec sa recherche technique profonde, hors du combat "shiai" pur. J'étais loin d'imaginer les chemins que j'allais prendre à partir de là.

David du blog www.cestquoitonkim.com : Qu'as tu ressenti ? Comment as tu rebondi ? Grâce à qui (personnes / organismes) ?

Yoann : Au moment de la blessure, j'ai ressenti un monde s'effondrer. C'était littéralement, je l'ai senti puissamment en moi, une page du livre qui se tournait définitivement... Et à ma grande surprise, une libération. Car les semaines qui ont suivi, j'enchainais les nouvelles rencontres, les nouvelles expériences, bref... Le guerrier déposait les armes et allait découvrir le monde. Donc j'ai rebondi naturellement, porté par cet élan de soif de renouveau, de connaitre. Le CERS de Capbreton a été un tremplin magnifique, le cadre, l'équipe, tout se prêtait à remettre sur patte aussi bien physiquement que mentalement tous les athlètes présents. C'était aussi l'époque d'une forme d'éveil à tout ce qui touchait à la spiritualité et le développement personnel. J'ai lu, lu, lu, lu et relus tous les livres qui pouvaient m'éclairer sur la connaissance de soi, le pouvoir de l'esprit, et j'en passe. Ça me fait même drôle d'écrire tout ça. Ça me replonge dans cette époque, c'était vraiment une renaissance pour moi.

David du blog www.cestquoitonkim.com : J'ai crée un groupe FB sur la question de la reconversion des sportifs de haut niveau. Question un peu tabou. Si tu avais un(e) jeune judoka(te) devant toi là maintenant qui souhaite s'engager sur la voie du haut niveau aurais tu un conseil concernant la préparation de sa reconversion (double projet ... ) ?

Yoann : Oui, c'est là un sujet majeur je pense. Parce qu'il faut bien considérer une chose: un sportif de haut-niveau est un potentiel "premier" de la nation. Si tu es second, tu auras beau être le plus grand sportif de haut niveau, tu ne seras pas sur le devant de la scène. C'est comme ça. C'est parfois ingrat. Donc, je suis partisan de "ne pas mettre ses œufs dans le même panier". C'est à dire si tu focalises ton énergie uniquement sur ce chemin, il est tellement fragile, il repose sur un fil de rasoir. Une blessure, un jour sans et tu peux te retrouver propulsé loin de la position numéro 1. Je dis ça et en même temps, tout peut aussi super bien se passer, donc je vais faire comme je l'ai toujours fais en te disant: "ECOUTE CE QUI PULSE EN TOI..." SI tu veux t'y donner à 400%...alors fonce. Tu es maître de ton chemin.

Par contre, la vie est pleine d'un tas d'autres splendeurs. N'hésite pas à expérimenter de nouvelles facettes de toi même, à les cultiver, d'autres talents, d'autres passions. Parce que si un jour un pilier flanche, tu en as d'autres qui pulsent. Voilà pourquoi ma "reconversion" a été super fluide. Parce que j'avais soif d'autres choses. Alors j'ai bu :)

David du blog www.cestquoitonkim.com : Revenons à toi, que fais tu aujourd'hui ? Tes projets artistiques / judo / autre ...

Yoann : Aujourd'hui, la vie m'a offert l'un des plus beau cadeaux de ma vie : LE KATAN'ART DOJO. J'ai passé la première année à tout structurer, mettre en place de nouvelles disciplines, faire des travaux et tout faire pour que ce lieu soit un Dojo inspirant, lumineux (dans tous les sens du terme), dans lequel, lorsqu'on entre, on se sent réharmonisé instantanément. J'y donne donc des cours de Judo, Jujitsu, méditation, Yoga, Pilates...Et d'autres surprises sont à venir. En parallèle je reçois aussi beaucoup, en dehors des heures de cours, en tant qu'astrologue. On parle de la même chose ici : maitriser l'énergie de notre vie.

Katan'art Dojo - 19 rue Nollet 75017 Paris - Crédit photo:  Sylvana Mele / vidéaste photographe


Mon travail de comédien continu à sa façon, libre et indépendante, j'ai ma chaine Youtube "YOANN T'OUVRE SES PORTES" qui a été relancée après un an d'absence. J'ai enfin trouvé ma recette: Parler Astro et enseignements spirituels (arts martiaux et autres), au Dojo, en faisant le comédien. Bon, je m'éclate.








Les objectifs, c'est développer encore plus tout ce qui se fait déjà. On n'a jamais fini d'apprendre. Donc même si je suis l'enseignant du KATAN'ART DOJO, je continue mon apprentissage martial, qui est loin, très loin d'être terminé, aux côtés de PASCAL PLÉE à "la Montagne", que tout pratiquant martial connait sûrement. Pascal, c'est un Sensei au vrai sens du terme, j'ai un respect infini pour lui. Il me transmets le Karaté, le Tai chi, le Kung Fu (Grue Blanche et Loing Poing).

Yoann Roch - Crédit photo:  Sylvana Mele / vidéaste photographe


Tu me parlais de mon 3ème Dan. Le sujet est vaste, je ne souhaite plus mettre en avant le système des grades me concernant. On en reparlera à l'occasion, mais un Dan ne reflète en rien, ABSOLUMENT rien, le niveau technique, et de compréhension profonde que le pratiquant a de son art, selon moi.

David du blog www.cestquoitonkim.com : Avec plaisir pour échanger sur la question des grades ;-) Si je reviens à tes différentes pratiques martiales, remettent-elles en question certains enseignement judo, certaines techniques ?

Yoann : Si tu parles de remises en question à titre péjoratif, dans le sens "doutes", alors oui et non. Oui parce que ma façon de pratiquer un art spécifique est forcément influencée (d'une part par les autres arts martiaux, mais aussi de par les autres pratiques, que ce soit le chant, le théâtre, la danse, la musique, l'écriture, l'astro, les voyages, peu importe). Tout cela participe à des connections qui se font comme un grand puzzle qui prend forme, ou plutôt comme le cerveau lui-même. Des millions de neurones capables de s'inter-connecter les uns les autres, en combinaisons infinies. C'est pareil. Plus tu t'enrichis dans un art, plus tu peux connecter ce que tu en extraies de façon illimitée. Donc évidemment, les mouvement ultra sophistiqué du Kung Fu ou du Tai chi, l'agilité et la mobilité de la capoeira, la précision du geste en karaté et le placement, tout cela se connecte pour venir enrichir mon judo. Mon Osoto va être par exemple beaucoup plus "sophistiqué" dans son placement, dans la participation de tout le corps qu'il va entrainer, dans ma conscience du corps, dans ma respiration...

Même le salut a pris une nouvelle dimension ! Il fait partie INTÉGRANTE de mon entrainement ou de mon enseignement. Le salut, c'est DÉJÀ le début de ton cours, puisque c'est là où tu entres dans l'espace martial, un espace sacré, un espace intérieur, de partage avec l'autre. C'est pour ça que les retards, entre autres, me gonflent ! :D Si tu loupes le salut, c'est clair et net : tu loupes ton entrainement, même si tu fais l'entrainement le plus beau de ta vie. Parce que tu l'as pas "ouvert", tu es venu pratiquer "à l'arrache" comme si tu descendais au terrain de foot le soir au bas de l'immeuble pour jouer avec les potes. C'est pas ça l'art martial. Y'a un espace de pratique sacré à respecter.

David du blog www.cestquoitonkim.com : J'ai noté que tu mettais en avant l'astrologie. D'aucun pourrait penser que c'est un peu étrange. Qu'en penses tu ?

Yoann : C'est une super question, parce que j'ai moi même longtemps hésité avant de le mettre en avant. Après toutes ces années de voyages et d'expériences, je rencontre en 2014 un astrologue, loin de tous les clichés et charlatanismes à deux balles. Il me parle des mêmes énergies que je connais dans l'art martial, et utilise ce système symbolique comme un outil de connaissance de soi. Une expérience révélatrice pour moi, puisqu'un outil magistral pour développer une pédagogie propre. Il me transmet son art, j'en rencontre un autre plus âgé des années après, qui lui, me fait passer à l'appréhension des énergies...2.0 :) C'est avec lui que je continue depuis plus de 3 ans maintenant l'enseignement de cette tradition astrologique. Une tradition, soit dit en passant, tout comme l'art martial, ORALE. La méditation, les états de consciences modifiés, les états d'être viennent compléter absolument tous les arts.








Quand tu parles art martial, tu parles de maitriser ton énergie (physique, mentale, émotionnelle, psychique), quand tu parles astrologie, tu parles ...de maîtriser l'énergie. Le problème ici, c'est que cet art a tellement été galvaudé qu'on ne sait absolument rien de lui. On pense à un truc de charlatan, de voyance et de boule de cristal, bref de cliché, bien loin de ce qu'est vraiment l'astrologie, loin de toutes prédictions suspicieuse. Sans parler du truc abordé dans les magasines qu'ils osent appeler astrologie. C'est plutôt de l'astromarketing destiné à utiliser la soif de connaissance de soi des gens à des fins de business. L'art martial est un outil de connaissance de soi, l'astrologie l'est également. Les deux sont très, voir totalement connectés. Ma pratique martiale profite à ma pratique astrologique, et inversement. C'est important dans nos vies de faire des corrélations, des ponts entre nos expériences, parce que les pièces ne sont pas placés sur notre chemin par hasard, y'a un grand puzzle dans la vie de chacun, un puzzle unique.

David du blog www.cestquoitonkim.com : Pour terminer l'interview, je serais ravie que tu nous partage ta vision du judo et des arts martiaux. Quelle est ta voie et quel conseil pourrais tu donner aux lecteurs du blog ?

Yoann : Le plus important selon moi, c'est de réaliser que dans "ART MARTIAL" il y a ART. Donc, on est tous des artistes. Et un artiste, c'est un créatif. Ça demande de se connaitre, c'est un art de vivre, de penser, de manger, de voir les choses, à ta façon UNIQUE. Ça implique un coté légèrement (voir totalement) rebelle aux moules tout fait qu'on nous impose...

Et c'est d'ailleurs ce qu'évoque le symbole "DO" dans juDO. LA "voie"...mais laquelle au juste ? LA TIENNE, unique, celle que personne d'autre que toi ne peut arpenter et qui fait de toi un être original et précieux. Et puis il y a aussi "MARTIAL".Ça vient du dieu MARS, dieu de la guerre, du combat, de l'initiative. Donc ça parle de venir harmoniser les instincts primaires, l'instinct agressif, naturel. Un artiste martial ,c'est censé être un alchimiste qui transforme son instinct agressif en une énergie créative pour sa vie, A l'aide de l'art, de ses techniques. On n'est plus aujourd'hui sur un champs de batailles, donc l'art martial doit être en quelques sorte un support thérapeutique holistique (qui prend en considération toutes les sphères de l'être): le corps, l'esprit, l'émotion, le mental, l'âme...

Donc en sortant d'un entrainement, si on est déglingué de partout et épuisé, on parle pas de la même pratique, voie, du même "DO" que si on ressort remplie de quelque chose d'apaisant, de dynamisant, dans lequel on a appris à se placer correctement, à travers des mouvements corrects, pour harmoniser l'ensemble de façon équilibrée... Si au bout de 15 ans tu finis avec des prothèses aux genoux ou ailleurs, c'est d'une part la responsabilité de l'enseignant qui ne t'a pas protégé à travers une pratique saine, mais pire: TU AS ÉTÉ TON PROPRE ENNEMI SANS MÊME LE VOIR...Le comble, pour un guerrier ! Donc le but, c'est vraiment que ta pratique, ton "DO", t'accompagne jusqu’à la fin de ta vie, pour prendre soin de tes outils (ton esprit, ton corps, ton être)

David du blog www.cestquoitonkim.com : Très intéressant. On nous apprends pourtant à aller au delà de la douleur pour continuer à combattre. Il est souvent fait l'apologie de tel ou tel combattant qui poursuit une compétition malgré une blessure. Est ce un apprentissage erroné ?

Yoann : Non je ne dis pas ça. La pratique de la compétition demande forcément une force mentale. Et cultiver cette force mentale est nécessaire, parce que si tu te retrouve en final des jeux olympiques mais que ton cheveu te fait mal et que tu abandonnes psychologiquement, c'est un peu dommage après 15 ans de travail acharné. Donc oui, ça demande un mental sans faille...Tout comme la guerre, c'est encore pire (enfin j'imagine, j'ai jamais eu à me confronter à un champs de bataille). Mais personnellement aujourd'hui, je ne suis plus ni compétiteur, ni soldat, c'est plus ce qui m'appelle. Donc j'ai orienté ma pratique vers ce que je recherche, ce à quoi j'aspire. Pour moi c'est clairement me remplir d'énergie vitale, développer ma créativité, adorer me lever chaque matin et me sentir dans un corps en pleine santé, souple, vif, me permettant de savourer toutes mes expériences de vie.

Mais à l'époque ou j'étais compétiteur, je m'en foutais d'avoir mal, de sortir de l'entrainement avec des nouveaux "pètes " à chaque cours. Avoir mal, c'est pas le but recherché, mais c'est juste le RAPPORT à la douleur qui n'est plus le même quand tu es compétiteur. Donc ça vient toucher au pouvoir de l'esprit sur le corps. Le problème avec ça, c'est qu'outre le fait d'avoir une part ultra judéo chrétienne de "plus tu souffres, plus tu as de mérite", ça vient en plus être appuyé par une société qui cherche à avoir mal, comme si c'était un gage de respect, on admire les gens qui souffrent. Donc non, t'as pas besoin de te bousiller physiquement pour être un champion, ça peut être fait intelligemment. Tout comme t'as pas besoin de te faire souffrir dans la vie pour mériter le meilleur. Ça c'est une croyance erronée. Et à mon sens, si déjà à 40 ans t'es blessé de partout, c'est que t'es passé à côté de ton "DO" , de ta voie, toi qui combattais le monde extérieur, à vaincre des ennemis, tu as même pas vu que tu as été TON propre ennemi pour quelques médailles. Mais chacun sa voie...

David du blog www.cestquoitonkim.com : Tu aimes certainement lire. Quelles lectures conseillerais tu ?

Yoann : Si tu voyais ma bibliothèque, tu retirerais cette quesiton !!!! :D Instinctivement comme ça pour le Judo: -"L'esprit du Judo" de Jean Lucien Jazarin -Un particulièrement qui remet d'équerre pour aller plus loin que le bout de son nez (et je parle aussi pour moi): LES CHRONIQUES MARTIALES de Feu Monsieur Henry Plée -"Zen et Arts Martiaux" de Deshimaru - Et puis celui sur lequel je suis depuis quelques mois...que j'écris...Mais ça, c'est une autre histoire hein.... ;)

David du blog www.cestquoitonkim.com : Peut-on en savoir plus sur ton projet de livre ? Tu as déjà un éditeur ? Oui forcément je suis curieux ;-)

Yoann : Alors là, je vais juste te donner une info importante. je veux pas en parler plus parce que si j'en parle, j'ai la sensation de "cramer" l'inspiration. Je préfère attendre qu'il soit déjà bien élaboré. J'ai une maison d'édition en vue, qui pourrait être partante. Une maison d'édition que j'admire beaucoup d'ailleurs. Pour l'info de taille, attention: CA PARLERA...........D'ARTS MARTIAUX !

Cours adultes Katan'art Dojo - Crédit photo:  Sylvana Mele / vidéaste photographe

David du blog www.cestquoitonkim.com : un mot de la fin pour les lecteurs ?

Yoann : Merci à toi déjà David pour ce moment de partage. Un dernier mot pour les lecteurs: Sortez des sentiers battus, allez explorer par vous même l'art martial dans sa globalité. Voyagez, découvrez, parce que l'artiste martial est en corrélation directe avec votre vie en tant qu'humain. Plus vous enrichissez l'humain que vous êtes, plus le combattant va prendre en subtilité, en finesse, en agilité, en sensibilité, parce que c'est du mouvement tout ça. Le vrai Dojo, c'est notre planète, et y'en a des randori (expériences) à vivre la dessus ! Et puis, au fond du fond, le vrai Dojo, c'est celui qu'on a dans le cœur. Alors à chacun de le nourrir...des bons encens...

Merci David, à bientôt tout le monde sur les tatamis, ou ailleurs... 

Yoann Roch - Crédit photo:  Sylvana Mele / vidéaste photographe



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1 commentaire:

  1. Magnifique interview de Yoann, profonde, sincère et juste. Je partage totalement son point de vue.
    Nous construisons notre propre dojo et nous en sommes les maîtres.

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